L’OURS BRUN
L’OURS BRUN PAR FRED DELORD
De tout temps, l’homme a eu des rapports ambivalents avec l’ours, avant le moyen âge, il était sacralisé et perçu comme le roi des animaux en Europe. Il devient une espèce à anéantir à partir de l’époque de Charlemagne.
Ainsi, à force de fuir l’homme, il va se retirer de la plaine et se réfugier dans les montagnes. L’ours a également quelques similitude avec l’homme : ils ont quasiment la même taille debout, son empreinte ressemble à une trace de pied humain.
C’est pour ces raisons que les pyrénéens l’appellent le Pé Descaous (Va-nu-pieds). On lui donne également des prénoms d’homme : Martin, Dominique.
L’ours brun est un grand mammifère d’un poids allant de 80 kg (pour les plus petites femelles) jusqu’à 250 kg (les gros mâles).Sa taille au garrot est de 80 cm à 1 m.
Figure emblématique des Pyrénées, l’Ours brun s’impose par sa taille massive. Sa morphologie, aux oreilles courtes et arrondies et à la queue invisible, est unique en Europe. Son pelage varie du brun-noir au beige et sa fourrure est épaisse. L’Ours brun présente de grandes différences de poids selon les régions. L’Ours brun pyrénéen est le plus petit représentant de la famille des Ours en Europe.
HABITAT
L’ours préfère l’étage montagnard, les régions accidentées et boisées où il trouve un abri et une nourriture variée. On le trouve principalement entre 1300 m et 1800 m d’altitude mais il peut sans problème monter au dessus dans l’étage subalpin ou alpin pour des raisons alimentaires ou de déplacement.
Par exemple, au printemps, les mâles sont capables de grands déplacements, franchissant des cols à près de 2500 mètres d’altitude, au printemps, à la recherche des femelles.
COMPORTEMENT
Surtout nocturne et crépusculaire, il peut être diurne s’il n’est pas dérangé.
Le domaine vital d’un individu adulte stabilisé varie de 70 km² pour une femelle avec des oursons à plus de 500 km² pour un mâle adulte et se situe essentiellement sur l’étage montagnard.
A la sortie de la tanière, il puise encore ses réserves accumulées à l’automne. A partir d’avril, c’est la période du rut, les ours mâles vont réaliser d’importants déplacements.
L’été, l’ours va beaucoup s’alimenter jusqu’à octobre pour accumuler ses réserves. Juste avant l’hiver, ses déplacements diminuent afin de commencer à chercher une tanière pour passer l’hiver.
A partir de la mi-novembre, les ours réduisent leurs déplacements et commencent à rentrer en léthargie dans la tanière hivernale.
RÉGIME ALIMENTAIRE
L’ours brun est un omnivore à tendance végétarienne. Les repas de l’Ours brun sont constitués à 80 % de végétaux (fruits, baies, châtaignes, framboises, myrtilles), de divers insectes mais parfois aussi de gros mammifères sauvages ou domestiques.
Son régime alimentaire est adapté aux saisons. Au printemps, il va consommer des plantes herbacées, des racines et quelques charognes qu’il trouve dans les couloirs d’avalanche. L’été, il va consommer les fruits charnus type framboises, myrtilles. Il peut également consommer un ongulé sauvage ou domestique. En automne, il va plutôt se nourrir de fruits secs comme les faînes, glands et châtaignes.
La fraction carnée de mammifères dans son alimentation représente 10 % de son alimentation, dont 4/5 d’animaux domestiques (ovins, caprins) et 1/5 de mammifères sauvages.
CYCLE DE VIE
L’Ours brun n’hiberne pas mais hiverne, c’est-à-dire que son sommeil hivernal (dès novembre pour les femelles et en décembre pour les mâles) est entrecoupé de périodes de réveil, voire de sorties.
Ce n’est que vers la fin mars (avril pour les femelles) que le réveil définitif se produit. Le rut se déroule de mai à fin juin.
Il provoque l’ovulation mais l’implantation des embryons ne se fait que début novembre. La gestation dure six à huit semaines et les naissances ont lieu en janvier et février durant l’hivernation.
L’ourse met bas 1 à 3 petits par portée, souvent 2, tous les 3 ans ou plus. Le jeune à la naissance pèse environ 500 g. Il est aveugle et presque nu. En avril-mai, les oursons sortent de leur tanière avec leur mère. Ils resteront avec elle pendant 2 à 3 ans. Ils sont sevrés à 1,5 an. L’Ours brun se fixe sur un nouveau territoire vers 6-7 ans et peut vivre plus de 30 ans en nature.
RÉPARTITION DANS LES PYRÉNÉES
Il y a une quarantaine d’ours dans les Pyrénées (2020) répartis en deux noyaux. Le noyau central de la chaîne réparti entre les Hautes Pyrénées et l’Est des Pyrénées Orientales.
Et le noyau occidental qui comporte deux ours femelles (réintroduites en 2018) et deux ours mâles. On observe des déplacements des ours entre ces deux noyaux, ce qui est de bon augure pour le « brassage » de la génétique de l’espèce.
COMMENT L’OBSERVER ?
Il ne faut jamais chercher à voir un ours. La meilleure observation d’ours que vous puissiez faire, c’est découvrir de façon fortuite ses traces, crottes ou griffades. En cas de rencontre fortuite, identifiez-vous par du bruit (chant, sifflement), et repartez dans l’autre sens.
PRÉSERVATION
Les Pyrénées constituent le dernier bastion de présence de l’Ours brun dans le sud de l’Europe. Même si l’espèce est présente dans le monde entier, la population pyrénéenne est originale par ses particularités génétiques mais surtout par son comportement, façonné par plus de 5 000 ans de cohabitation entre éleveurs et ours.
L’Ours est une espèce menacée et protégée dans toute l’Europe de l’ouest.
Plusieurs siècles de chasse et de braconnage, une fréquentation humaine assidue des massifs montagneux, ont presque réussi à éradiquer l’Ours de la plupart des vallées pyrénéennes, l’espèce ayant disparu depuis plus de 50 ans des vallées alpines.
Alors qu’en 1950, une cinquantaine d’ours se partageaient un territoire de 200 000 ha dans les Pyrénées-Atlantiques, à la fin des années 1990, il ne restait plus que 6-7 ours. Suite aux opérations de réintroduction entreprises depuis 1996 dans les Pyrénées centrales, on compte aujourd’hui une quarantaine d’ours dont seulement 4 sont présents en Pyrénées-Atlantiques.
Longtemps pratiquée, la chasse de l’ours brun a été interdite à partir de 1958, mais l’ours brun n’a été protégé que suite à l’arrêté interministériel du 17 avril 1981 fixant la liste des mammifères protégés sur l’ensemble du territoire, modifié par l’arrêté du 22 juillet 1993, intégrant les dérogations prévues par la Convention de Berne et la Directive Habitats.
Fred Delord vous parle du régime alimentaire de l’ours brun.
Sources : Parc National des Pyrénées, l’ADET Pays de l’ours, FIEP.
Texte par Fred Delord